Mon analyse a consisté à déterminer par une série de cartes les enjeux topographiques de la petite ceinture. Le niveau et la morphologie donnent lieu à de nombreux ponts-rue et ponts-rails qui ponctuent la capitale. Par différents facteurs, j’ai essayé de trouver les explications de ces topologies dans la capitale. La pente de la petite ceinture ne peut dépasser 5/1000 donc les fluctuations ne correspondent pas au terrain naturel des rues de Paris. Ces facteurs sont géographiques, mais aussi administratifs, fonciers, et historiques. Ils sont également de l’ordre de la gestion des flux et du raccordement au réseau existant.

La petite ceinture est une ancienne ligne ferroviaire construite à partir de 1852 qui faisait le tour de Paris en connectant les différentes gares, pour du trafic marchandises et voyageurs.

La construction de la petite ceinture rive droite commence. Commandée par l’état, cette voie ferrée longe les boulevards des maréchaux, sur le nord et l’est de Paris, reliant les Batignolles à Bercy. La petite ceinture passe à travers des espaces pour la plupart non urbanisés (champs, forêts…). Elle est donc construite à niveau avec le sol naturel – mis à part les reliefs trop importants tels que la butte de Belleville. Les seuls ouvrages d’arts construits se trouvent aux intersections entre la petite ceinture et d’autres voies de chemin de fer, ou quelques faubourgs tels que La Villette ou La Chapelle.

Dans le même temps, des compagnies ferroviaires privées créent une ligne reliant les Batignolles à Auteuil. Cette nouvelle voie ferrée dessert tout l’ouest parisien et complète le tracé de la petite ceinture. Suite à un accord passé avec l’Etat, la voie ferrée doit être construite sous des voies de circulation déjà existantes : des tranchées sont alors créées pour permettre le passage des trains en sous sol et un boulevard est construit de chaque côté de la tranchée. Depuis, ces tranchées ouvertes on été fermées et servent aujourd’hui à la circulation des RER. Il n’y a donc plus beaucoup d’ouvrages d’art encore visibles.

L’Etat décide de terminer le tracé de la petite ceinture en construisant des voies d’Auteuil à la gare d’Orléans. L’expansion de Paris est planifiée par Haussmann à ce moment là et ce dernier demande que la nouvelle voie ferrée ne soit pas au niveau des rues, pour éviter la présence de passages à niveaux. La petite ceinture se situe sur un viaduc d’Auteuil à Grenelle, puis en remblais jusqu’à Vaugirard avant d’alterner entre des passages en tranchée, tunnels ou à niveau. Après 1945, le viaduc d’Auteuil, endommagé, est complètement démoli. De plus, de nombreuses tranchées sont également recouvertes.

L’expansion de Paris a peu à peu rejoint la petite ceinture, d’où la création au nord, où la ligne est au même niveau que le sol, de passages à niveaux. À l’occasion de l’exposition universelle, il est décidé de supprimer ces passages à niveaux pour fluidifier le trafic. De grands travaux sont donc entrepris sur la section rive droite de la petite ceinture : dans l’est, près de Vincennes ou de La Villette, les voies sont surélevées de 5m environ, tandis que les parties nord sont abaissées de 6/7m. De nombreux ouvrages d’arts sont alors construits : ponts-rues, ponts-rails, mais aussi des murs de soutènement, des viaducs… La plupart des nouveaux ponts sont construits en métal plutôt qu’en maçonnerie (utilisée pour les ponts antérieurs à 1888) afin d’exposer les avancées techniques de l’époque.

Le transport de voyageurs et de marchandises a déclin depuis l’expansion du réseau des lignes de métro, jusqu’à disparaître complètement, laissant place à de nombreuses friches d’une topographie complexe. Le viaduc d’Auteuil est détruit pendant la seconde Guerre Mondiale et n’est pas reconstruit. De même, une portion entre les voies de gare de Lyon et d’Austerlitz disparaît. Les tranchées situées à l’ouest sont refermées et ces nouveaux tunnels sont désormais utilisés pour la circulation du RER C. Le tronçon entre gare de l’est et du nord est également rouvert à la circulation des trains afin d’établir une connexion entre ces deux gares. Certains espaces sont transformés en jardins publics dans le 18ème, 16ème, 15ème et 13ème. La reconversion du reste de la petite ceinture est en réflexion, avec l’organisation de concours tels que réinventer Paris.

Tandis que la circulation de trains a été définitivement abandonnée sur toute la section sud, la réouverture de la petite ceinture comme chemin de fer est toujours envisagée pour la section est, cette partie doit donc être aménagée de façon à pouvoir éventuellement, un jour, accueillir à nouveau un trafic ferroviaire régulier.